Convention morale à perpétuité entre les évêques de Fréjus et les Aubert

Contenu

Titre

Convention morale à perpétuité entre les évêques de Fréjus et les Aubert

Description

Convention entre Madame Berthe Aubert et Monseigneur Félix Guillibert s'engageant en son nom et celui de ses successeurs (Extrait du registre officiel des fondations de l'Oeuvre des Séminaires)

Format

Feuillet papier - 4 pages

Date

02 juin 1923

Sujet

"Mise à disposition" de la Castille par la famille Aubert

contenu

Convention avec Monseigneur l’Évêque de Fréjus et Toulon agissant en cette qualité et comme représentant le Grand-Séminaire du diocèse, en son nom et au nom de tous ses successeurs

En souvenir de leurs enfants, et principalement de leur fils Charles qui désirait avant tout assurer la fondation d’une maison de prières, Monsieur et Madame Frédéric Aubert de la Castille ont entendu mettre à disposition de Mgr l’Évêque de Fréjus et Toulon et de son grand Séminaire pour qu’il y soit installé, la terre patrimoniale de la Castille.

Ils ont mis à cette généreuse affectation les conditions suivantes :

1° En dehors du cas de force majeure dûment établi, le château devra toujours servir à une maison ecclésiastique de formation de prêtres ou, à défaut, à une maison de religieux, ceux-ci devant alors être tenus des mêmes obligations, qu’il s’agisse de la célébration des Messes ou des autres charges indiquées ci-après ;

2° A partir du décès de Madame de la Castille, il sera dit à perpétuité (2534) deux mille cinq cent trente-quatre Messes par an, soit une moyenne d’environ sept Messes par jour, pour le repos des âmes de :
Monsieur Frédéric Aubert de la Castille, sept Messes par semaine ;
Madame Berthe Aubert de la Castille, sept Messes par semaine ;
M. Charles Aubert de la Castille, leur fils, sept Messes par semaine ;
Mlle Yvonne Aubert de la Castille, leur fille, sept Messes par semaine ;
M. Georges Aubert de la Castille, frère de Monsieur Frédéric Aubert de la Castille, sept Messes par semaine ;
Mme Salomé Aubert de la Castille, mère de Monsieur Frédéric Aubert de la Castille, trois Messes par semaine ;
M. Aimé-Charles Aubert de la Castille, père de Monsieur Frédéric Aubert de la Castille, trois Messes par semaine ;
M. le comte Fleury Giraud de Villechaize, père de Madame Frédéric (Berthe) Aubert de la Castille, quatre Messes par semaine ;
Madame la comtesse Emma Giraud de Villechaize, mère de Madame Berthe Aubert de la Castille, quatre Messes par semaine ;
Ce qui fera environ sept Messes par jour à perpétuité.
[note marginale : Par indult du 25 août 1943, la S. Congrégation du Concile a réduit le nombre de 7 Messes par jour à 2 Messes par jour. Per quinquennium].
A ces Messes seront ajoutées chaque année, deux Messes chantées pour le repos de l’âme des proches parents de la fondatrice ;

3°) Tout séminariste ordonné prêtre dans la maison sera invité à dire, aux frais du Grand Séminaire, une de ses premières Messes pour les défunts des familles Aubert de la Castille et Giraud de Villechaize.

Les conditions concernant les Messes devront être remplies même si le Grand Séminaire venait à quitter les lieux pour toute cause autre qu’une confiscation par les pouvoirs civils.

4°) En dehors de ces conditions fondamentales, les fondateurs expriment les vœux suivants :
La maison du « moulin à farine » sera affectée
- pour partie à un établissement destiné, soit aux prêtres admis à la retraite,
soit à rechercher et développer les vocations des petits enfants dans le diocèse,
- et pour partie au service des retraites annuelles des prêtres du diocèse.

Se souvenant de ce qu’ils appartiennent aussi au diocèse de Lyon, M. et Mme Aubert de la Castille demandent que la partie de la maison dite « moulin à farine » réservée aux retraites ecclésiastiques soit, en dehors de cette époque des retraites et seulement durant l’année scolaire, mise gratuitement à la disposition de Mgr l’Archevêque de Lyon pour des prêtres de son diocèse non malades ayant besoin de quelques jours de repos et qui seraient envoyés par leur Évêque ou leurs Supérieurs. Les ecclésiastiques appelés à bénéficier des chambres auraient à s’entendre pour le prix de la pension avec l’administration du Séminaire.

Un patronage pour les jeunes gens des villages voisins sera installé au « moulin à huile ». En outre, les prêtres du Séminaire s’occuperont d’organiser des retraites pour hommes afin de remplacer les retraites autrefois données à la Chartreuse de Montrieux.

5°) Le Séminaire devra commencer, aussitôt qu’il sera prévenu du décès de Madame Aubert de la Castille, deux trentains de messes grégoriennes, pour le repos de son âme.
[note marginale : Madame Aubert de la Castille est décédée le 9 septembre 1942]

La Crau, Château de la Castille, le deux juin, l’an mil neuf cent vingt-trois

[Signatures :]
Félix, Évêque de Fréjus et Toulon
Bthe Aubert de la Castille
François Truchi, Supérieur
V. Lieutaud, Econome
Bl. (?) Vallentin du Cheylard
V. (?) Vallentin du Cheylard

cote

Registre des Fondations de l'Oeuvre des Séminaires, p. 99-103

Détenteur des droits

Archives diocésaines de Fréjus-Toulon

Licence

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CC BY-NC-ND

note

Cette convention doit être remise dans le contexte de la loi de 1905 : on ne parle que de "mise à disposition" pour que le domaine conserve du vivant de Madame Aubert le statut de bien privé le protégeant d'une éventuelle spoliation de l'Etat.
La convention distingue nettement les "conditions fondamentales" (affectation du château au Séminaire ; célébration de messes pour les familles Aubert et Giraud de Villechaize) sur lesquelles on ne saurait revenir qu'en cas de force majeure, des "voeux" (destination des moulins) moins impératifs, mais en parfaite cohérence avec le catholicisme social incarné par les Aubert.
On ne sait exactement ce qu'il est advenu ensuite du moulin à huile mais le moulin à farine dès 1929, donc du vivant de Madame Aubert, jusqu'aux années 2010, a bien été transformé en maison pour les prêtres âgés et cette destination de la "Maison Saint-Charles" a été intégrée dans l'objet de la Fondation actuelle.
Quant à l'obligation de célébration de messes, il convient de retenir que dans l'esprit des fondateurs et de l'évêque de Fréjus, il s'agit de messes perpétuelles. L'interprétation de l'indult de 1943 demeure controversée car il pourrait ne s'agir que d'une réduction à 2 messes par jour "pendant cinq ans" (pour cause de guerre) avant de reprendre ensuite. Quoi qu'il en soit, des messes étaient encore célébrées pour les bienfaiteurs de l'Oeuvre des Séminaires, après la guerre, sous l'épiscopat de Monseigneur Gaudel.
Madame Aubert était sans doute d'autant plus soucieuse de la célébration de ces messes que d'une part, la famille avait une grande dévotion pour les âmes du Purgatoire, et d'autre part plusieurs de ses membres ont été enterrés dans l'ancienne chapelle du château. Le caveau est aujourd'hui vide depuis une date non encore déterminée. On ne sait pas davantage ce que sont devenus les corps.
Cette convention "morale" est postérieure à la vente de la nue-propriété à la Société Massillon (17 août 1922) qui encadrait juridiquement la volonté des Aubert de mettre à disposition le château tout en leur conservant les revenus des terres de leur vivant.
Signé en juin 1923, l'accord "moral" entre Mgr Guillibert et Mme Aubert avait donc bien vocation à garantir à perpétuité les exigences spirituelles des fondateurs face aux inévitables modifications du statut juridique du Domaine dans les décennies à venir. En ce sens, l'intention de Mgr Guillibert de s'engager "en son nom et au nom de tous ses successeurs" ne permet aucune ambiguïté d'interprétation.

Relation

Sur les risques d'une nouvelle spoliation de l'Etat, voir la première lettre de Frédéric Aubert à Monseigneur Guillibert du 06 avril 1921 et la consultation juridique de Maître Rivet de mai 1922
Sur la dévotion des Aubert aux âmes du Purgatoire, voir la notice biographique d'Yvonne Aubert
Sur la retenue des revenus du Domaine du vivant des Aubert, voir la lettre de Frédéric Aubert à Monseigneur Guillibert du 19 mai 1921

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